2000 - La vie musicale en France : institutions, circulation de la musique et des musiciens.


Thème

 

L'histoire de la musique française et des pratiques musicales en France s'écrit généralement comme l'histoire d'un Centre. Elle se résume bien souvent à la célébration de la production des ateliers parisiens et versaillais et à la description des sociabilités musicales de la Capitale. Trop peu nombreux sont aujourd'hui encore les travaux qui ont tenté de décrire et d'analyser les conditions spécifiques de la vie musicale de telle région ou de telle ville. Cet aspect de l'historiographie de la vie musicale en France tient pour une bonne part au fait que l'activité musicale s'est exercée dans le cadre pluriséculaire - de l'Absolutisme naissant à la France en voie de "décentralisation" - d'une structure politique et administrative puissamment centralisée, qui a marqué de son empreinte toute la société française. Elle tient aussi au fait que, plus que toute autre forme d'expression artistique, la création musicale, depuis la fin du Moyen Âge tout au moins, est une affaire onéreuse et repose à ce titre sur des institutions bénéficiant du mécénat princier, royal ou de celui de l'Etat, ou tirant des revenus de formes plus ou moins complexes de ressources mutualisées des élites de la société.

Partant de ces prémisses, il semblait intéressant d'éclairer, par quelques cas d'espèce, la manière dont la vie musicale s'est développée en province, sur le fond des relations complexes entre "centre" et "périphérie(s)" qui ont marqué en profondeur des pans entiers de la culture et des pratiques sociales dans la France des temps modernes. les Journées d'Etudes organisées par la SFM du 14 au 16 septembre 2000 à Toulouse avaient ainsi tenté de soumettre la question des relations, institutions, chanteurs et instrumentistes, répertoires. Il s'agissait aussi de s'interroger sur la manière dont s'était organisée, dans la longue durée, une vie musicale hors de Paris, d'identifier les acteurs physiques ou institutionnels, de cerner les vecteurs et les stratégies de la diffusion des oeuvres, enfin d'évaluer les relations entre les productions "régionales" et celles des ateliers "centraux". Les communications présentées lors de cette rencontre sont loin, bien entendu, d'en avoir épuisé la matière. Elles ont néanmoins permis, à travers les textes réunis dans la présente livraison de la Revue, de poser (ou reformuler) quelques hypothèses qu'il appartiendra à d'autres de vérifier.

Chr. Meyer [introduction aux actes publiés en 2006].

Programme détaillé

Jeudi 14 sept. matin : Le Centre et la Périphérie.

Président de séance : Jean Gribenski.

Comment s'organise et se développe une vie musicale hors de Paris : réaction, imitation, ignorance, autonomie...

  • Rémy Campos. Genève, ville française ? (1814-1920).
  • Jérôme Dorival. L'édition et la diffusion de la musique à Lyon (1700-1830).
  • Marie-Claire Mussat. Les chemins de la musique en Bretagne au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle : le temps de la réflexion.
  • Bruno Moysan. Scènes de la vie privée : les albums de chant de Marie de Citoys, marquise de Goué (1840-1900) et de Marie Oscar (1877-1948).

Jeudi 14 sept. après-midi : Sociabilité, enseignement, diffusion, création.

Président de séance : Hervé Lacombe

  • Alban Ramaut. Un écrit de province critiqué par Paris : "De la corruption du goust dans la musique française", de Bollioud de Mermet (Lyon, 1746).
  • Laure-Emmanuelle Dauvergne, Anne Philippe et Sandra Vandercruyssen. Autour de la maîtrise de la Cathédrale de Reims aux XVIIIe et XIXe siècles.
  • Emmanuel Hondré. L'école de musique de Toulouse : les enjeux d'une "nationalisation" (1826).
  • Jean-Yves Rauline. La Haute-Normandie dans les concours et les Festivals orphéoniques français et étrangers au XIXe siècle : aspects d'une vie musicale provinciale.
  • Anne-Sylvie Barthel-Calvet. Le Festival Musica de Strasbourg : une institution à la croisée d'initiatives nationales, locales et européennes.

Vendredi 15 sept. matin

Président de séance : Raphaëlle Legrand

Circulation, réseaux, stratégie.

  • Georges Escoffier. La circulation des troupes de théâtre lyrique dans le Sud-Est (1750-1789) : un premier bilan de recherche sur un réseau de diffusion culturelle.
  • François Harou. Les artistes lyriques parisiens en tournée à Rouen de 1776 à 1800.
  • Patrick Taeb et J. Elart. Les concerts de Rode, Garat et Punto sous la Révolution (1790-1800) à Paris et à Rouen : un exemple de circulation simultanée d'un répertoire, d'un groupe d'interprètes et d'un public.
  • Jean-Christophe Branger. Alfred Bruneau et Nantes : lettres à Etienne Destranges (1891-1915).

Vendredi 15 sept. après-midi

Président de séance : Olivier Cullin

Diffusion, échanges : adaptation, réception.

  • J.-L. Gester et Ph. Canguilhem. Le recueil de clavier de Bernard Schmidt le jeune (1607) et la circulation du répertoire européen en Alsace au début du XVIIe siècle.
  • Lionel Sawkins. En province et au Concert spirituel : exécution, réception et diffusion des motets de Lalande au XVIIIe siècle.
  • Jean-Christophe Maillard. Un demi-siècle d'activités lyriques dans la grande région toulousaine (1760-1810) : propagation, adaptation et création.
  • Guy Gosselin. La première audition française de l'Oratorio de Haydn Die Schöpfung à Lille le 12 Brumaire an IX (3 novembre 1800).
  • Bernadette Lespinard. Bordes et la diffusion de la musique chorale en France après 1890.

Samedi 16 sept. matin

Cécile Grand. Présentation de l'Inventaire du patrimoine musical en France.

Table ronde

Synthèse et débats sur les principaux thèmes du colloque.

Actes

Les actes de ces journées ont été publiés dans le numéro 92/1 (2006) de la Revue de Musicologie.