Camille Saint-Saëns et Gabriel Fauré, Correspondance (1862-1920), soixante ans d'amitié, éd. Jean-Michel Nectoux.


Fauré est adolescent lorsqu'il rencontre Camille Saint-Saëns venu enseigner le piano à l'Ecole Niedermeyer; entre le maître et l'élève, que dix années seulement séparent, s'établit un climat de confiance et d'affection qui ne s'altéra jamais durant les soixante années que dura leur amitié. Le jeune maître transforme sa classe en un vrai séminaire où l'on lit - hors programme - les oeuvres les plus avancées de ce temps : Schumann, Liszt ou Wagner; chacun apporte ses nouvelles compositions. Lorsqu'en 1865, Fauré quitte l'Ecole Niedermeyer, Saint-Saëns le fait connaître auprès de ses amis musiciens : Pauline Viardot, Anton Rubinstein, Pablo de Sarasate ou Franz Liszt. A chaque pas de la carrière de Fauré se devine désormais la présence discrète de l'aîné qu'il s'agisse de places d'organistes qu'il lui procure - il l'introduit en particulier à la Madeleine - ou de professeur au Conservatoire, jusqu'à la consécration suprême de l'entrée à l'Institut, avec une courte majorité. Sur le plan musical et esthétique, une certaine parenté lie, jusqu'à un certain point, les deux musiciens : là où Saint-Saëns demeure farouchement attaché aux valeurs du XIXe siècle, Fauré prend nettement le tournant du XXe siècle, démarche que l'aîné avouera en toute humilité ne pouvoir comprendre pleinement. C'est l'histoire de cette amitié et les chemins créatifs de ces deux grandes personnalités que retrace leur correspondance, familière, badine, professionnelle, et musicale tout à la fois. Elle est ici publiée intégralement dans une édition complétée et révisée.


Jean-Michel Nectoux travaille depuis de nombreuses années sur les divers aspects de la création musicale jusqu'à la guerre de 1914; il a réalisé de nombreuses expositions consacrées notamment à Ravel, Stravinsky, Mahler, les Ballets russes et Gabriel Fauré sur lequel il a publié cinq ouvrages.